Roland HALBERT Petit Itinéraire bis ou Paris port de songe, éditions FRAction
Avoir en main une nouvelle publication, toujours de grande qualité aux éditions FRAction, la 13e pour Roland HALBERT - ce qu'on pourrait appeler un livre-album ! -, c'est, à chaque fois, une découverte et un plaisir de l'esprit et des sens ! Car, s'il y a à lire, à réfléchir, à s'instruire, il y a aussi à voir, grâce aux remarquables encres de Jule Simon, à entendre si l'on s'exerce à prononcer l'anglais de l'excellente traduction de Gérald Honigsblum, et à s'aventurer dans les 25 haïkus de l'auteur, spécialiste réputé, le suivre et apprécier l'Histoire, l'actualité et l'humour de son Petit Itinéraire bis ou Paris port de songe.
En effet, et comme il le précise dans un fort éclairant avant-lire, Roland HALBERT fait référence à tous ceux qui, de Villon à André Hardellet « J'allais dans Paris port de songe », (citation éponyme reprise dans le sous-titre) en passant par Baudelaire, Nerval, Fargue, Follain et bien d'autres, ont arpenté ce Paris où va déambuler ce maître-ès-poésique qu'est l'écrivain nantais (il peut revendiquer la paternité du néologisme) ! Magistral aussi, puisque ce poète-musicien, adepte de la pratique du haïku au sens le plus japonais du terme, sait, avec des clins d'œil érudits : Sous l'asphalte / « le Piéton de Paris » / lève un lièvre, dépayser son lecteur et lui faire découvrir, au-delà de ses chemins personnels, une possibilité d'introspection en s'immergeant dans un univers que Roland HALBERT peut révéler, tel un prestidigitateur. Magie des mots, fulgurance des images que renforce la calligraphie - Apollinaire n'est jamais loin -, l'ouvrage dédié au grillon de la ligne 3 du métro (vous noterez le parti pris de ne pas se prendre au sérieux) va de la réalité, aussi tragique soit-elle (la rafle du Vél'd'Hiv') à la dérision, en passant par la profondeur mythique et sédimentaire où s'improvise la Poésie.
Outre l'avant-lire, il sera important de prendre en compte la prose de l'auteur à propos de la composition de ses instantanés parisiens, et s'apercevoir ainsi que sa contribution déambulatoire et lettrée est bien au diapason de ses illustres prédécesseurs, si, à l'imitation de Clément Janequin, on veut « ouïr les cris de Paris » :
Petite Ceinture ? Grande Couronne ?
Plutôt cette échappée belle
rue du Puits-qui-parle...
Alors, pourquoi ne pas aller flâner in situ au gré des syllabes, le long des trois rives du haïku, tant il est agréable de suivre un tel guide ?
Claude SERREAU, poète et critique
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